En transe, j'écoutais le théoricien des dominos. En admettant qu'il ait raison, on n'était pas
plus avancé. A l'écouter, empiler et secouer son grand sac à mal, on le sentait au moins
homme de bien mais surtout je comprenais de moins en moins comment les Kennedy,
Johnson, Nixon avait pu avaler de telles salades et se faire manipuler par les chantres de
la CIA. Soit-ils étaient consentants, soit-ils étaient idiots.
Le Yankee go home s'entêtait et s'il continuait j'allais bientôt appeler dans le couloir à un
revival de la manifestation contre le général Ridgway
" Mister gushbore, permettez-moi de vous arrêter un instant ; mais quel maillon représente
mon enquête dans votre world wild story ? "
L'Amèricain agacé par mon incartade Léniniste me répondit ; " le maillon faible
évidemment " . Je ne voyais pas ce qui fondait l'évidence de son propos et lui
rétorquais en bon cartésien que je comprenais pas pour quelles raisons un homme comme
lui aurait traversé l'Atlantique pour rencontrer un maillon faible. Il balaya l'argument d'un
geste et cracha parterre.
" Mister Talbert, do you know that the narcotic bureau is the most efficient state
department after the NSA; alors promise me to close your great claque merde and listen
to me, I'm talking to you! " "deep damned sheet of nuts" ajouta-t-il, histoire
d'enchérir dans le plus pur style impérialisme US.
J'allais me lever, histoire de lui apprendre la philosophie à coups de marteau mais
Gushbore m'assura du caractère vain de la man¦uvre en désignant la porte de mon bureau
d'où venais de surgir deux fils d'esclaves dont les aïeux avaient fait leurs premiers pas
sous les chutes du zambése et un fils de shaman chéyenne suffisamment évolué pour avoir
troqué son arc et ses flèches contre une avenante mitraillette Thompson.
Néanmoins, les petits-fils de Carloman ne sont jamais en reste, je commençais donc à
baisser mon pantalon histoire de montrer à l'amer indien en quelle estime je le
tenais mais il jeta sur le bureau quelques photos de mon cul encalifourchonné sur
les gros roberts de Maria Roberta. M'ayant ainsi porté l'estocade, il dit : sans cesser de
mâchouiller son chewing-gum: " Mister Talbert just two things; at first; you aren't dans
la position du shooter couché, secondairement, I've got in my pocket un petit calibre façon
James West donc keep quiet and open your esgourdes".
Ce petit Gushbore, malgré le voyage de sa mère depuis Candi avait du répondant. Je me mis
donc à l'écouter sans à priori, à la manière du scientifique qui cherche à isoler le résultat
des conditions de l'expérience. Tout en sachant ce que cette posture appelle de
précautions et bien que n'ayant jamais lu Popper.
" M. Talbert, savez-vous que nos grandes oreilles basées en Angleterre vous suivent de
longue date, vous et vos petits copains des Renseignements Généraux. Nous savons que
vous avez infiltré le groupe nommé Penn AR BREIHZ et que vous projetez un attentat
contre le prince Charles. Attentat qu'on attribuera aux dingues du pro Animal life
(anti-vivisection).
Vous chercheriez, à déchaîner un cycle violence répression propice à déstabiliser the one
and only prime minister, dear Tony le blaireau que vous ne vous y prendriez pas autrement ".
Cette puérile et vaine activité doit cesser immédiatement ! ! !.
Je tendis l'oreille et essayais de suivre l'épopée de l'uncle Sam, car je n'étais pas au
parfum de ces mesquines manigances dont d'ailleurs personne n'avait jugé utile de m'informer.
Mais la seule chose que je finis par comprendre, c'était comment ils se les étaient faits
les Mister President ; A l'usure ! à l'usure ! La Corée, le Guatemala, le Vietnam,
le Chili, la Grenade, Le Nicaragua, le Salvador, l'Irak, la Serbie, l'Irangate et même le
Watergate. Décidément sont trop bavards ces ricains, à côté n'importe quel Latin fait
figure de moine Mandingue.
J'allais de nouveau la ramener mais Gushbore leva la main m'enjoignant de me taire : "
Je sais que vous n'êtes pas au courant et si je vous raconte cela c'est en gage de
bienveillance, afin de vous montrer comme est grand mon désir de collaborer avec vous ".
Il se leva, tout en déposant une liasse de billets verts sur mon bureau.
D'ailleurs ajouta-t-il, " sachez que celui que vous appelez Kusazck porte chez-nous le
numéro 56253 ". J'allais lui dire que chez-nous c'étaient les écrous qui portaient des
numéros quand le téléphone sonna. Gushbore dit, me désignant les billets ; " pour le dérangement "
et se retira.
Sauvé par le gong, je décrochais, à moitié groggy en me promettant une bonne demi-heure
pour une séance d'auf klarung, mais je n'en eu pas le temps.
Au téléphone, c'était Momo, un demi-sel qui faisait son beurre en encadrant une équipe de
ploum-ploum girls, très sex of the world. Les pays les plus pauvres étaient
représentés, du Tanganika ex-province du Reich, au Surinam. Les filles tournaient
en 2 fois huit, sur un parc de caravanes poisseuses, installé en bordure de périphérique.
Durant la troisième tranche, Momo y entassait toutes sortes d'immigrés, un vrai marchand
de sable, le Momo ; le Nicolas et pimprenelle du tiers monde.
" Alors commis comment ça va ", " j't'ai déjà dit que j'suis inspecteur principal. "
" Allez arrêtes tes sales à Malek, t'as un tuyau ? " " oui, du gros, du chaud, mais avant j'ai
un serviceŠ ", " pas de ça avec moi Momo, soit content que je ne prévienne pas ta mère ", "
ça va commis, j'essayais ", " allez, Momo t'accouches ou t'attends notre retour à sidi-fredj ?"
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