Passant devant une vitrine, où s'affichaient force téléviseurs, je cherchais mon image et jetai
un ¦il machinal aux pixels, à cette infâme mélasse brillante, cet entrelacs de photons qui
projetaient sur ma rétine un amas de sens que mon cerveau inerte ne décodait plus,
passant mon chemin, de la lumière à l'ombre du jour tombant, il me restait comme une
impression nauséeuse. Les crépuscules m'ont toujours coûté.
Bien malgré moi et à mesure que je me dirigeais vers le vieux port, mon malaise
augmentait. C'était comme un rêve éveillé, un écho dans ma mémoire, une alerte dans ma
pré-conscience, un ordre du monde qui peinait à s'établir. Les médecins m'avaient averti,
les effets du contre choc pouvaient surgir à tout moment et se manifester sous la forme
de confusions psychiques, visions d'anamorphoses, déréalisation, crises aphasiques.
Le panneau face à moi arborait des points luminescents. La nébuleuse prenais forme petit
à petit, je marchais droit dans sa direction. Lundi 18 mars 2001.
Lundi 18 mars 2001, 18 mars 2001, 18 mars 2001, cela était-il possible ?
Arrivé à l'hôtel, les tempes battantes, pantelant, ivre, asphyxié, je m'allonge...
Oublier, à tout prendre oublier, refouler encore et encore, ne pas savoir, plus jamais,
jamais çà...
- Qui es-tu ?
- Je suis Talbert, et vous ?
- Moi je suis astor l'apocryphe
- Quel jour sommes-nous ?
- Aujourd'hui, c'est Valpurgis;
- eux, qui sont-ils ?
- là c'est Thor le fils d'Odin et de Jord, ma tante et mon oncle si tu préféres ?
- Qui sont tous ces gens ?
- Il y'a là Aaron, le frère de Moses le grand prêtre, et Aménophis le IVéme de la dynastie
son p'tit nom, c'est Akhenaton si tu préfères, à gauche là bas c'est mon cousin amerigo
vespucci, il a beaucoup voyagé si tu préfères, et Amon que tu vois là, si tu préfères c'est
le fils de Loth, et le petit là c'est Saladin d'Ascalon, si tu préfères.
- Et toi, qui t'envoie ?
- Je ne saurais le dire, ici tout semble rêves et mirages, peut-être ne suis-je pas en état
ou tout simplement en état d'ébriété. Je vois ici deux personnes qu'il me semble connaître,
le type avec le sabre et le goupillon, un certain Kùsack je crois et l'autre qui tient le
mouton c'est Gushbore. Faites les venir ici, ils sauront peut-être vous dire qui je suis.
- C'est Talbert le syncrétique, dit Kùsack avec respect. Ariana y tient beaucoup, elle nous
a chargé de veiller sur lui. Elle sera là ce soir pour le sacre au fils de Baal qui a lieu sous
le menhir de l'aber-wrach.
- Ariana, mais que ferait-elle ici ? que viendrais faire une psychanalyste de renom, ma
psychanalyste, dans votre ridicule petit bal costumé. Comment mon exégète de Lacan dans
le texte, pourrait-elle partager de telles simagrées. Non, non, non cela n'est pas possible.
Ariana ma douce, vous dont le parfum parcourt l'éther et l'onde comme un frisson mon
échine. Ariana à qui la loi sacrifia mille amants. Ariana, enfin que j'aime parce qu'au fond
elle m'abhorre. Ariana...
- Please, Talbert, don't begin your psalmodie, me coupa sèchement Gushbore qui n'avait
rien perdu de son mordant. Keep the litanie pour la cérémonie de this evening.
- Kùsack reprit, toujours avec déférence ; Elle est en charge de la grande questure, léguée
par ses pairs et tenue à l'origine par l'imammat de kashgare. Après la chute de saint jean
d'acre un v¦u, dit la tradition, fut prononcé sur le mont Carmel.
On y fit serment d'éternité. Arianna travaille dur au retour du grand refoulé, découvrir en
chacun le drame fondateur et délivrer l'humanité de son engeance. Que Minos veille sur elle !!!
- Assez de ces sornettes ! vous Kùsack, qui êtes-vous ? agent de la NSA à la sécuritate ?
quel rapport entretenez-vous avec Ariana ? assez de balivernes monsieur l'agent double,
triple, et trouble !! J'arrivais enfin à quitter mon ton emprunté du début, et je me mis à
crier : si vous continuez à me mener en twingo, je vais faire pleuvoir les mornifles, que
même monsieur météo remisera sa grenouille pour sénilité précoce, et se mettra à
coasser. Je vais vous en coller de la Alzheimer à ranidés !!!
C'est Gusbore qui réagit le premier, en me collant une beigne façon Mohamed Ali à cent
contre un gagnant. Il dit en substance, ce que n'aurait pas nié Clausewitz Carl von
lui-même : " quand on est en situation de faiblesse on ne se prend pas pour un guerrier
Malenké ", il ajouta dans le corps du texte, don't worry Talbert ton heure will come et
marmonna encore NSA, Shin Beth, cagoule, roses-croix, chevaliers Teutoniques...poor
lonesome narrow minded, does it have any importance. God lui-même don't recognize les siens.
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