CHAP XIII

Catharsis, catharsis et puis quoi ? Rien, il ne se passe rien.
Qu'espérais-tu ? … Talaabeerte mon ami !
Une parenthèse dans ta fragile existence, que le monde se révèle par toi.

O mon ego, égotique. Rien ne s'est arrêté, la terre a continué de tourner et à
la nuit venue tu ne t'es pas mis à marcher sur la tête.
Alors, alors quoi ? la course de l'elliptique n'a pas suffit à décrocher
Monsieur de son centre de gravité. Rien ne s'est passé, pas plus moi que le
monde n'avons cessé le mouvement incessant et déshérent quoique
qu'immobile, celui de l'éternel retour.
Voilà, j'avais vraiment espéré découvrir l'intime secret de nos être, c'est la
vacuité qui montra son joli minois, le principe du trou noir pour tous les fous
qui s'émancipant de leur être devenant poudre d'escampette ou poussière au
gré du temps, au fil des légendes. Le propos qui se découd.
Une sonnette tintinnabula, un coq ergota, elle se recroquevilla, la position
fÏtale, le retour à la source. Un plan glissant, comme celui qui envahit, en
s'écoutant battre le pouls alors que l'on a depuis fort longtemps cessé de
respirer.
Emir al moumnin, prince des croyants.
Alors qu'Haroun al rachid, à peu prés à la même époque que Charlemagne
donnait à l'orient ses lettres de noblesse, le Franj de Pierre l'ermite son
descendant mange se terre dans son Krak et mange les enfants musulmans de
Tyr, Tripoli, jérusalem.

Il n'est de dieu que dieu, A dieu ne plaise, est-il possible que les barbares
franj, ces païens de la sainte trinité, l'aient emporté ?
C'est ainsi que la roue tourne, et ni Koubilai khan venu des steppes avec
Gengis, ni Frédéric de Hohenstauffen, n'y purent rien.
Tu m'entends talaabeert ? Alors tu m'entends ?
Depuis des lustres le soleil se couche à l'Est et la nuit est sur nous bien avant
qu'elle ne le soit en occident, c'était écrit. Mektoub, mektoub !!!
Taalaabeert, ton aïeul était un gueux, à qui le temps n'avait rien appris,
pendant des lustres, il s'en remis au jugement de dieu et ne s'étonna pas de
ce que chaque fois les corps lestés coulent. Dieu l'a voulu, qu'il en soit fait
selon sa volonté !
Puis un jour, il vint ici, là où la nuit arrive de très bonne heure. Il apprit, la
médecine, la mathématique, la philosophie, l'industrie, le travail des bijoux,
la culture, le raffinement, les étoffes, le harem.
Il s'en revint avec des mots nouveaux à mettre sur des choses nouvelles.
Amir al bahr (commandant de la mer) devint amiral.

Et voilà taalaabert comment ton père le reconnu !!! écoute !!!

- Papa ?
- Oui, fils
- Papa, I want to kill you !!!
- Papa !!
- Qu'est-ce tu dis ?
- Papa, arrêtes, regarde moi !
L'homme était à demi conscient, allongé sur une paillasse. Un filet de sang
coulait depuis sa narine jusqu'à son oreille. Son visage tuméfié n'exprimait
plus rien qu'une grande lassitude. Inconscient, pourtant malgré ce qu'il venait
de subir, la bouche de l'homme s'était crispé en un rictus, une grimace, un
pied de nez à ses bourreaux.

- Talbert, dit le lieutenant Lansquetot
- Ho Talbert, que faites-vous ? Qu'attendez-vous pour le finir ?
- Eh dis Talbert qu'est-ce tu fous mon adjudant, dis Mohand, tu l'achèves ou
quoi ?
- Mais mon lieutenant, c'est pas possible, on a dit que ce coup ci, ce s'rait
Norbert le bleu bite. Moi je suis à quinze jours d'la quille bordel et ca s'fait
pas de niquer un putain de fellouze à 15 jours de la quille bordel.
- Talbert, démerdez-vous je ne veux pas le savoir. Les ordres sont les
ordres et le colon a dit pas de prisonnier. Mais Talbert bon sang
rappelez-vous ce qu'ils ont fait à mechta jdida.
- Oui mon lieutenant, s'avez raison, c'était pas beau à voir, c'qui s'ont fait,
des vrais sauvages ces crouillats. Je vais leur apprendre moi. Une rafale de
MAT et sont plus là les troncs de figuiers.
- Eh dis-moi mon adjudant, tu parles pas pour moi au moins, j'espère ? dis
Mohand
- Dis-moi Mohand, tu comprends pas l'français ou quoi, j'te parle des
fellouzes pas des arabes ni des Kabyles. Tiens ceux-la d'ailleurs c'est une
vraie race à part, sont plus civilisés que les autres quoique des fois, faudrait
pas se laisser endormir, tiens regarde celui-là c'en est un de Kabyle !. Et
pourtant si j'lui tourne le dos et que lui donne un schlass hé ben y'm fait le
sourire ce con. Hein, Mohand, dis le lui au lieutenant que c'est bien vrai, que
tout ça c'est racaille et compagnie.
- Talbert, trêve de discours, faites votre devoir .
Areski, gémit, Talbert lui mit un coup de saton dans le nez et le sang gicla.
- Dites-moi mon lieutenant y'a le bic qui se réveille, on dirait !
- Talbert faites votre devoir, la république, car cil s'agit bien d'elle, l'exige.
- Allez Mohand vas y pendant que tu le saignes, moi je te l'tiens, tu y vas d'un
coup sec, là sous la carotide. Allez vas-y comme j't'ai appris, La France t'le
rendra
- Papa, tu m'écoutes c'est Marcel, avec qui t'as reçu la médaille, tu sais le
vieux brigadier de mon service. Un jour qu'il était bourré, il pleurait. Il m'a
tout raconté.
- Ha ouais, mais tout ça c'est du passé, y'a pas besoin d'en causer
- Oui, peut-être, mais moi l'idée que t'as fait ça m'est insupportable, j'en fais
des cauchemars.
- Et toi t'as jamais mis une beigne à un bicot de banlieue ? hé ben c'était
pareil, sauf que nous on avait les couilles d'aller jusqu'au bout. Et crois moi y
nous cassaient pas les couilles les melons. Toute façon y se zigouillaient
entre-eux. Nous on faisait que leur donner des indications. Tu vois le Mohand,
si ça se trouve aujourd'hui il est p't'être ministre aux anciens combattants.
Tu sais avec eux faut pas chercher à comprendre, faut les mater. C'est
comme la mauvaise herbe, y se reproduisent comme du chiendent, alors moi
au finish je regrette rien.

Alors Talbert, c'est ta conscience qui te parle.
Tu te souviens maintenant ?
Non Talbert ne me dis pas ? tu avais oublié ?
Talbert, il est temps, il est grand temps !
Talbert retire-toi du monde !!!

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