A l'hôtel du pou volant où Florence et Talbert se sont retrouvés après un bourbon au bar.
Lui :
Tu es moche, et bête et tu ne comprends rien. Pour toutes ces raisons, une seule serait
suffisante, je ne veux plus te voir...
Elle, à demi-souriante :
Es tu bien sûre de ce que tu dis, gros menteur, ou plaisantes tu avec ton mauvais esprit
coutumier ?
Lui :
J'ai bien réfléchi. Et c'est comme çaŠ C'est d'ailleurs beaucoup mieux.
Elle :
Et si j'étais le grand amour de ta vie, tu y as pensé ?
Lui :
Tais toi.
C'est impossible. C'est hautement improbable. J'aurais souscrit à une idée pareille si
j'étais sans cervelle, une tête de linotte comme toi.
Elle :
Tu n'as pas toujours dit cela.
Lui :
De toute façon, c'est une idée sans suite, une niaiserie de midinette, un truc que tu as
dû gober en lisant tes magazines pour adolescentes attardées.
Elle :
Arrête ton char, tu vas encore faire de la tachycardie.
Lui :
En plus comment tout cela pourrait être sérieux; une fois qu'on t'a vu, on a tout
compris.
Alors çà suffit, je t'ai assez vu, !!!
Elle :
Pauvre idiot, ton cinéma déraille. La bande est rouillée et le projectionniste en panne.
Lui :
On ne parle pas exactement de la même chose, tous les deux.
C'est infernal, cette non-communication !
Elle
Et toi, combien de fois m'as tu rabâché tes histoires passées ?
Ton amourette avec la grosse portugaise du Berry, tes impossibles amours
d'adolescence, avec leur cortège d'hululants fantômes, ton engagement politique à la
noix dans les groupuscules activistes.
Lui, agité
Mais c'est toi qui me posais les questions, qui voulais savoir, qui enquêtais,
inquisitionnais, qui remuais tout en questionnant mes propres amis !
Est ce ma faute si tu voulais connaître mon passé, pour préparer l'avenir, c'est
toi-même qui en parlais.
Elle
C'est faux tu te vantais, tu faisais le coq ; ah, tu en as connu des poulettes avant moi,
de toutes les plumes possibles.
Lui, hors de lui
Tu es vraiment proche de ton nombril, la part du vrai et du faux, tu connais ?
Je ne comprends plus rien à ton discours schizophrène ; c'est une imposture atroce.
Dieu me délivre de ce poids. J'étouffe, je frôle l'apoplexie.
Elle :
C'est la haine. Et tu sais bien que l'amour et la haine sont les deux faces d'une même
médaille en chocolat.
Lui :
Encore des banalités tristes à pleurer. C'est fou ce qu'on peut entendre comme
conneries cet an-ci. Ca doit être la saison. Les conneries c'est comme les feuilles
mortes, on les ramasse à la pelle.
Chantonnant : les conneries se ramassent à la pelle, moi non plus je n'ai pas oublié ...
Elle :
Embrasse-moi !
Vite !
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